QUELS SYMPTOMES ?


L’Anémie de Blackfan-Diamond (ABD) ou érythroblastopénie congénitale, est une anémie rare, d’origine constitutionnelle, dont le diagnostic est en général fait dans les premiers mois de vie. Elle est caractérisée par une incapacité, pour la moelle osseuse, de produire des globules rouges. Les cellules souches hématopoïétiques (CSH), présentes dans la moelle osseuse, sont normalement capables de se multiplier et de se différencier permettant ainsi la production des trois principaux types de cellules sanguines : les globules blancs, qui assurent nos défenses contre toute forme d’infection, les plaquettes, qui permettent la coagulation du sang en cas d’hémorragie, et les globules rouges, en charge du transport de l’oxygène, capté au niveau des poumons et délivré à tous les tissus de l’organisme.
De la CSH au globule rouge mature, le processus de différenciation passe par différentes étapes ; dans l’ABD cette différenciation est bloquée, sans que l’on comprenne parfaitement pourquoi, lors du passage des progéniteurs érythroblastiques de type BFU-E aux CFU-E. A noter qu’il peut exister aussi, le plus souvent sans impact clinique, une atteinte des lignées granuleuses (polynucléaires neutrophiles) et plaquettaires.
En pratique, le tableau clinique est dominé par une anémie qui peut, au diagnostic, être très profonde. De manière associée à l’atteinte hématologique, les enfants atteints peuvent présenter des malformations congénitales de sévérité variable touchant principalement les membres (pouces en particulier) ou la face (fentes labio-palatines) et, plus rarement, des organes comme les reins, les organes génitaux externes ou le cœur.
La prévalence de la maladie est la même pour les deux sexes. En France, la population de patients est estimée à 300 cas. L’incidence annuelle est estimée à 2 à 7 cas pour un million de naissances.

QUEL DIAGNOSTIC ?



L’anémie est reconnue pendant la 1ère année dans plus de 90 % des cas. L’aggravation très progressive de l’anémie et la bonne tolérance clinique du petit nourrisson expliquent que le taux d’hémoglobine est souvent très bas au diagnostic. L’anémie est normochrome, normocytaire (ou macrocytaire) et surtout non régénérative (absence de réticulocytes, qui sont les formes jeunes des globules rouges) ; sont parfois associés une leuconeutropénie et une thrombopénie modérée (ou une thrombocytose). La présence de malformations congénitales peut d’emblée orienter vers le diagnostic d’ABD qui devient très probable après réalisation d‘un myélogramme (ponction de moelle osseuse) : l’analyse des frottis objective une érythroblastopénie. Une infection à parvovirus B19 doit être exclue. D’autres examens biologiques peuvent aider au diagnostic : mesure du taux d’HbF, mesure de l’activité de l’adénosine-déaminase érythrocytaire. La recherche d’une mutation dans un des gènes, codant pour une protéine de structure du ribosome (familles des gènes RPS et RPL), va  apporter un argument supplémentaire en sachant qu’à ce jour une mutation ne peut être identifiée, parfois après plusieurs mois d’efforts, que chez 70 à 80% des patients.

QUELS TRAITEMENTS ?


Trois types de traitements sont proposés aux patients atteints de l’anémie de Blackfan-Diamond :

  • Les transfusions sanguines : elles constituent le traitement initial (première année de vie) et sont la seule option en cas de résistance à la cortisone. Les patients sont transfusés en moyenne toutes les 4 semaines avec un rythme qui doit prendre en compte la qualité de vie. Elles imposent la mise en place d’un traitement chélateur du fer afin d’éviter les complications toxiques de l’accumulation du fer dans les organes (hémochromatose).

 

  • La corticothérapie : elle est évaluée chez les enfants ayant dépassé l’âge d’un an. La posologie de départ est de 2 mg/kg/j. Le taux de réponse initial est de l’ordre de 70 à 80% avec une montée des réticulocytes entre le 7ème et le 10ème jour. Par la suite, les doses de cortisone sont progressivement diminuées jusqu’à identification de la posologie minimale permettant une production de globules rouges normale ou au moins satisfaisante. Certains patients sont dépendants de posologies trop élevées, ne pouvant être poursuivies sur le long terme ; ils doivent alors revenir aux transfusions. Au total environ 60% des patients restent sous corticoïdes.

 

  • La greffe de moelle osseuse : l’ABD est une pathologie de la CSH et peut donc être guérie par une allogreffe de moelle. Le consensus international actuel est de proposer une greffe chez les enfants dépendants des transfusions et ayant un donneur HLA-identique dans leur fratrie (il faudra bien sur exclure la maladie chez le donneur). Peuvent être utilisés la moelle osseuse ou un sang de cordon familial. Dans ces conditions, et en particulier si la greffe est faite chez le petit enfant (avant 5 ans), les résultats sont très bons même s’il existe un risque de séquelles avec au premier plan la stérilité.  Les greffes non familiales sont plus difficiles et indiquées en cas de complication hématologique.Sources :
    1. Guide aux familles, Afmbd.org, 2017, http://www.afmbd.org/telechargements/guide_familles.pdf
    2. Diagnosing and treating Diamond Blackfan anaemia: results of an international clinical consensus conference. Vlachos A, Ball S, Dahl N, Alter BP, Sheth S, Ramenghi U, Meerpohl J, Karlsson S, Liu JM, Leblanc T, Paley C, Kang EM, Leder EJ, Atsidaftos E, Shimamura A, Bessler M, Glader B, Lipton JM; Participants of Sixth Annual Daniella Maria Arturi International Consensus Conference. Br J Haematol. 2008 Sep; 142(6):859-7

    Extrait du dossier presse de la filière MaRIH, certifié par le Dr Thierry Leblanc.

RECOMMANDATION DE PRISE EN CHARGE


Protocole national de diagnostic et de soins & Synthèse au médecin traitant « Aplasies médullaires acquises et constitutionnelles » (Mars 2023)

Fiche Orphanet Urgence Anémie de Blackfan-Diamond

GROUPE DE MALADIES


ORPHA124 – Anémie de Blackfan-Diamond

Plaquette d’information « L’Anémie de Blackfan-Diamond »

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