Ces sont les plus fréquentes (>80% des cas, notamment chez l’adulte), elles sont le plus souvent de mécanisme immunologique (« auto-immun »), exceptionnellement toxiques ou liées à un médicament (immunoallergique).
Une des hypothèses qui explique la survenue d’une « aplasie » immunologique est le fait que les défenses immunitaires, qui s’attaquent normalement aux éléments seulement « étrangers » (bactéries, virus), se retournent contre les cellules mêmes de l’organisme et l’attaquent et en l’occurrence détruisent ou bloquent cellules souches de la moelle On ne sait pas ce qui la déclenche.
L’aplasie médullaire idiopathique touche plus souvent les jeunes adultes et après 50 ans. La prévalence est d’1 personne sur 500 000 habitants par an en Europe et aux Etats-Unis. En France, elle est d’1 personne sur 250 000.
On parle d’aplasie médullaire idiopathique lorsqu’elle est isolée, d’aplasie médullaire associée à un clone HPN ( pour «hémoglobinurie paroxystique nocturne ») lorsqu’on identifie des cellules particulières ayant perdues l’expression de certaines protéines à leur surface (40 à 50% des cas) Et d’aplasie post hépatitique quand l’aplasie a été précédée d’une hepatite auto-immune (5% des cas, principalement chez l’enfant et l’adolescent). Toutes ces formes sont de mécanisme immunologique et se traitent de la même façon. L’HPN peut si la proportion des cellules déficitaires augmente être responsable d’une pathologie indépendante ; cette dernière peut survenir avant, après ou plus rarement en même temps que l’aplasie.
Les aplasies médullaires constitutionnelles sont liées à des anomalies génétiques (présentes dès la naissance) qui induisent par des mécanismes variés une disparition progressive des cellules souches de la moelle osseuse. Elles peuvent se manifester dès la naissance (rarement) ou plus tardivement dans la vie. Elles sont le plus souvent d’apparition progressive. Elles peuvent être associées à des atteintes d’autres organes liées à la même anomalie génétique. Les plus fréquentes sont la maladie de Fanconi et les télomeropathies.
L’anémie de Fanconi est liée à un défaut de réparation de l’ADN responsable d’une aplasie médullaire progressive, de malformations congénitales variables et d’une forte prédisposition aux tumeurs solides à partir de l’adolescence. Elle est transmise principalement selon le mode récessif (il faut recevoir un gène porteur de chaque parent pour être atteint). Cette maladie rare touche 1 personne sur 350 000 naissances en France.
La maladie est caractérisée par un ensemble de signes cliniques :
Des malformations congénitales variables : osseuses, cutanées, urinaires ou génitales, cardiaques . Les plus fréquentes sont les anomalie des pouces ou des radius. La forme du visage est particulière.
Une petite taille : un retard de croissance est fréquent et présent dès la naissance.
Les signes hématologiques apparaissent progressivement le plus souvent vers l’âge de 7-8 ans. Il s’agit le plus souvent d’une anémie (diminution des globules rouges), associée d’emblée ou secondairement à une neutropénie (baisse des globules blancs) et/ou une thrombopénie (chute des plaquettes). L’évolution se fait vers une aplasie médullaire sévère ou une pathologie tumorale de la moelle osseuse (myélodysplasie ou leucémie aiguë).
Tumeurs solides : la maladie de Fanconi est un syndrome de prédisposition aux cancers solides. Les plus fréquents sont les tumeurs de la r bouche et de la gorge et de la région anogénitale ce qui justifie des mesures de prévention et un dépistage très régulier (en particulier par un chirurgien maxillofacial, un dermatologue, un gynécologue et un gastro-enterologue).
L’hypersensibilité aux chimiothérapies et à la radiothérapie des patients atteints de maladie de Fanconi justifie la prise en charge des complications hématologiques et tumorales par des spécialistes de cette pathologie.
Les télomeropathies sont un ensemble hétérogène de pathologies caractérisées par un défaut de maintenance des télomères. Ces structures situées aux extrémités de nos chromosomes sont essentielles pour protègera l’intégrité de notre ADN au cours de la vie. Le mode de transmission est très variable en fonction du gène considéré de même que la sévérité de la pathologie. Bien que les téloméropathies aient été génétiquement caractérisées plus récemment que la maladie de Fanconi elles sont aussi fréquentes.
Ces pathologies sont caractérisées par un vieillissement accéléré des tissus en particulier de la moelle osseuse (responsable d’une aplasie médullaire), des poumons, du foie et de la peau. Le rôle aggravant des toxiques exogènes auxquels sont exposés ces tissus justifie de limiter toutes exposition toxique (soleil, tabac, alcool, drogues inhalées, vapeurs toxiques etc..). L’atteinte hématologique est variable d’une semple thrombopénie à une aplasie médullaire ou un syndrome myélodysplasique.
La prise en charge thérapeutique doit donc privilégier pour chaque organe des traitements qui ne risquent pas d’aggraver les autres atteintes d’organes.
D’autres formes génétiques plus rares existent : les syndromes SAMD9/9L, le syndrome MECOM, les amegacaryocytoses liées aux mutations des gènes MPL et THPO, le syndrome de Ghosal lié aux mutations de TBAS1…